À peine terminé «La Mort du roi Tsongor», je me suis précipité sur «Eldorado» et j’ai de nouveau pris une grande claque.
Une écriture toujours aussi nerveuse, précise, qui ne laisse pratiquement aucun temps de répit. Pas de langueurs monotones, pas de temps mort, sur un sujet terriblement d’actualité (alors que le livre est paru en 2009) : les migrants et leurs épopées pour rejoindre leur Terre promise, leur Eldorado…
Ah ben tiens, ça tombe bien, c’est le titre du livre.
«Aucune frontière ne vous laisse passer sereinement. Elles blessent toutes», explique la 4e de couverture en préambule.
Au travers de deux histoires parallèles – celle du commandant Piracci, qui sillonne les mers à la recherche de clandestins, les sauvant parfois de la noyade et celle de Soleimane, un migrant soudanais qui cherche à rejoindre l’Europe – Laurent Gaudé nous plonge dans deux univers impitoyables, de chaque côté du miroir, de part et d’autre de l’Humanité.
Il nous traîne, de gré, jusqu’à cette situation où l’Homme plonge si profondément dans son désespoir qu’il n’est presque plus rien d’autre qu’une simple enveloppe charnelle, privée de tout ressenti, de toute émotion autre qu’une lancinante douleur.
Comme très souvent dans l’œuvre de Laurent Gaudé (je n’ai pas tout lu, mais je le devine…), il n’y a pas grande chose de très jovial dans ce récit.
Mais la puissance du récit portée par un style simple et efficace, emmène le lecteur dans un tourbillon d’émotion dont il ne sort généralement indemne.
Un seul petit regret: certains personnages disparaissent totalement du récit, sans que l'on sache ce qu'il leur arrive...
Comments