Sur ma route, aujourd’hui, il y a un grand panneau «Stop». C’est la fin du voyage. Aucune échappatoire possible, aucune dérogation, aucun passe-droit, aucun projet de loi: c’est aujourd’hui que je cesse définitivement mon activité.
Je ne peux pas dire que j’en ai envie. Bien au contraire. J’ai adoré pendant tout ce temps faire ce que j’ai fait. Et je pense l’avoir bien fait.
Mais même en imaginant être au sommet de l’art, même en supposant que personne d’autre au monde n’aurait été capable de mieux remplir cette tâche, il ne m’est pas possible de poursuivre ma belle aventure.
Heure après heure, jour après jour, j’ai pu savourer et vivre intensément tous ces instants magiques que, jamais, je n’aurais pu connaître en d’autres circonstances. J’ai toujours su me montrer extrêmement ouvert aux autres et me nourrir de leurs satisfactions. C’est dans les étoiles brillant au fond de leurs yeux que j’ai puisé mes propres fééries lumineuses.
Alors, oui, forcément, j’aimerais bien continuer, mais cela n’est pas possible. Cela sortirait du cadre prédéfini dans lequel je n’ai pas d’autre choix que de me mouvoir. D’un autre côté, quand j’ai commencé, je connaissais parfaitement les règles du jeu et je savais exactement à quoi m’en tenir. Je n’ai pas le bras assez long pour les faire changer.
Andy Warhol l’avait prédit, dès 1968: chacun aura droit à 15 minutes de célébrité mondiale. J’ai eu de la chance, car, me concernant, le coup de projecteur aura duré bien plus longtemps. Il serait totalement indécent de ma part de me plaindre.
Que de portes ouvertes sur de nouveaux horizons! Que d’inattendus voyages, parfois aux frontières du réel, parfois en absurdie, mais toujours en Première classe et sans augmentation du prix des consommations.
Que de jolies rencontres et de riches échanges! Que de belles idées partagées! Que de sourires à la commissure des lèvres et de larmes aux coins des yeux! Jamais je n’aurais imaginé une telle profusion d’images, de sensations, de saveurs.
Il ne s’est pas passé un jour sans que l’on parle de moi, sans que l’on me scrute, que l’on m’observe. Je pourrais en avoir pris la grosse tête et en tirer gloire, mais il n’en est rien. Cela ne m’intéresse pas et, surtout, je n’ai jamais fait cela pour moi, mais pour les autres.
Toutes les bonnes choses ont une fin, donc. C’est bel et bien aujourd’hui que ma vie de calendrier de l’Avent s’achève. La 24e et dernière case. Demain, je serai déjà un has been. Tout le monde sera déjà passé à autre chose. Plus personne ne s’intéressera à moi. Jusqu’à l’année prochaine…
Ouvrez les autres cases!!
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